250 personnes ont, samedi, salle d'Alançon, assisté à la conférence de François Demaegdt dans le cadre de l'hommage rendu aux enfants juifs de la maison des
Morelles 39-44. (1) Durant la seconde guerre, 339 enfants juifs y ont été hébergés. Quelques-uns ont été déportés d'autres ont trouvé refuge à l'étranger.
« A la faveur d'un timide premier article consacré, en 1994, à cette période, j'ai découvert les travaux de
Sabine Zeitoun, historienne » relate Jean-François Glomet, président d'Azi la Garance. « Ils m'ont éclairés sur le sort de ces enfants. Plus récemment, j'ai rencontré François Demaegdt
qui s'intéressait à cette maison des vieilles Morelles, l'un des quatorze sites de l'OSE (oeuvre de secours aux enfants) en zone libre »
Jean-François Glomet profite de l'occasion qui lui est donnée pour saluer les maires successifs, Hubert Chassaing,
Louis Jaffuel et Pierre Houbé, qui lui ont, sans hésiter, ouvert les archives municipales. Petit mot aussi de sympathie adressé à l'attention des secrétaires Françoise et Virginie pour leur aide
précieuse.
« De ces recherches en archives est né cet ouvrage. Il m'a permis des rencontres d'où ont émergé des émotions
particulières. D'autant plus avec la présence aujourd'hui de quelques-uns des enfants hébergés durant la seconde guerre dans cette maison des vieilles Morelles ».
Pour sa part François Demaegdt a également remercié la municipalité de Broût-Vernet pour son aide. « Je salue
aussi ici la délégation américaine venue spécialement assister à cet hommage qui vous est rendu »
Leurs recherches communes les ont donc conduit à la rédaction de : « la maison d'enfants des Morelles
1939-1944 ». (2) Un ouvrage qui tient à nous rappeler que laisser-dire, c'est laisser-faire avec les conséquences que l'on sait. La déportation, et l'extermination programmée des juifs,
suspendu au seul bon vouloir d'un homme, doivent appartenir au passé. Le rappel de cette triste période à travers les parcours de vie de ces enfants juifs nous convainc, s'il en est encore
besoin, de l'atrocité des mesures adoptées par les Nazis.
Les objectifs de son association, l'AFMD, brièvement rappelés, François Demaegdt s'est ensuite attaché à reprendre
chronologiquement les évènements qui ont conduit l'OSE (oeuvre de secours aux enfants) à installer à Broût-Vernet l'une de ses quatorze maisons en zone libre.
Visionnaire, l'OSE, dès 1939, confirme son intention de louer le château des vieilles Morelles pour le dédier à un
centre d'hébergement et d'accueil des enfants juifs. Entre 1939 et 1944, 339 enfants vont ainsi séjourner dans ces lieux passant pour les uns 1 à 2 semaines ici et d'autres près de 4 ans. Les 2/3
seront scolarisés et accueillis au sein de l'école communale.
François Demaegdt présente le personnel d'encadrement dirigé par le docteur Alexandra Bass. Il exhibe également les
listes de recensement rédigées très régulièrement à la demande de la Préfecture. Recensement effectué sans pression particulière de la part des Nazis mais qui au fil des années tend à démonter la
collaboration du gouvernement de Vichy.
« Chose plus surprenante, les recensements se font également par téléphone et confirme la volonté du
gouvernement Pétain d'être un fidèle serviteur de l'occupant »
Il faut d'ailleurs préciser que les enfants de la maison des Morelles ne sont pas, à cette époque, des enfants
cachés. Pour la plupart d'entre eux ils sont envoyés à la demande des familles ou sortis des camps d'internement et rassemblés par l'OSE. Ils sont ainsi régulièrement recensés et fichés dès 1940
sous leur vrai nom. Ce n'est que vers fin 1943, lorsqu'ils sont dispersés dans des pensionnats religieux ou chez des particuliers, qu'ils prendront une fausse identité.
La particularité du travail de François Demaegdt tient au fait qu'il a, un à un, recensé tout ces enfants qui ont
séjourné dans ce château. Et les traces sont d'autant plus importantes lorsque ceux-ci y ont séjourné plusieurs semaines, voir des mois ou des années.
Les listes de recensements conservées aux archives municipales ou départementales ont permis ces longues et
laborieuses découvertes. Recoupés, les renseignements et les informations ont aboutit à cerner le parcours de vie de nombre d'entre eux. Avec, pour quelques-uns, un destin tragique.
François Demaegdt prend en exemple quelques-unes des familles dont les enfants ont été hébergées ici au château des
vieilles Morelles.
Le 10 février 1944 marque la fermeture officielle de la maison d'accueil des Morelles. « il faut noter
l'obstination du gouvernement de Vichy qui jusqu'à juillet 44 continuera de recenser les juifs dans le département ».
De vifs applaudissements ont accompagné la conclusion de cette conférence livrée par François Demaegdt sur le sort
des juifs déportés.
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(1) François Demaegdt est président de l'AFMD (amis de la fondation pour la mémoire de la déportation de
l'Allier).
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(2) L'ouvrage est en vente en mairie au prix de 23€ (hors frais de port). Renseignements
04.70.58.21.23.